Quitte ou double sur le Dniepr ?

 


 Le conflit en Ukraine, suite à la victoire russe à Bakhmut au printemps, est pris dans une "drôle de guerre" où l'espoir d'une reconquista laisse doucement place à l'acceptation difficile de la réalité côté ukrainien. 

En effet, les annonces maintes fois retardées d'une contre-attaque éclair de l'armée ukrainienne ont laissé place, après le sommet de Vilnius, a une forme de lassitude et à un début de retour au réel de la part des media occidentaux : loin maintenant les annonces d'une reprise imminente de la Crimée ou de sa périphérie, on évoque simplement un futur gel du conflit sur la ligne de contact actuel, un cessez-le-feu sur le modèle coréen ou syro-israélien.

 Les lubies de l'OTAN et de ses porte-voix, symptômes du déclin et de la nostalgie d'un occident tout-puissant, n'ont toutefois pas toutes disparues. Ce futur gel du conflit est présenté comme dicté par le constat d'échec à la fois de l'armée ukrainienne mais également de l'armée russe qui n'aurait pas surmonté encore toutes ses difficultés en termes d'organisation et de moyens humains, suite à des pertes considérables des deux côtés.

 Les dirigeants de la communauté internationale, ou plutôt le gouvernement américain et ses domestiques, oublient ou font mine d'oublier le ratio des pertes très largement en faveur de la Russie ainsi que les performances désastreuses des wonder-weapons qui étaient censées punir les forces de Vladimir Poutine. Il ne faudrait également pas leur rappeler que l'armée russe combat en Ukraine avec un bras bandé dans le dos, dans la mesure où un effectif considérable de soldats russes est toujours en stand-by en Biélorussie, là où l'Ukraine bénéficie du soutien global de l'Occident, à la fois en moyens et en mercenaires.

Il y a fort à parier que le gouvernement Biden ne peut se permettre, à un peu plus d'un an avant les élections, de doubler la mise avec le risque d'un nouvel échec patent en cas d'intervention directe dans le conflit. On peut toutefois craindre que l'Oncle Sam utilise ses leviers afin de pousser pour l'intervention d'une coalition volontaire (Lituanie, Pologne, Roumanie...) justifiée par une responsabilité de protéger les régions de l'ouest ukrainien.

Les arguments en faveur de ce scénario sont notamment le besoin de sacrifier au plus vite ce qui reste de l'Union européenne, tant que celle-ci est, au moins sur le papier, toujours unie dans la soumission au diktat de Washington, tout en renforçant parallèlement la Pologne au détriment de l'Europe occidentale et en espérant récupérer le maximum d'industries ouest-européennes condamnées par les prix de l'énergie et une politique économique défaillante. 

Le Grand Jeu (cf. Harold Mackinder), qui consistait jusqu'à présent à diviser l'Eurasie et à corrompre/piller les États et les matières premières africains, arrive à un point d'inflexion : Les Occidentaux sont désormais la proie plutôt que le prédateur, avec pour le rôle des chiens de chasse le nouveau monde multipolaire : Russie, Chine, BRICS, influence croissante de la Turquie en Chine, départ forcé des Français dans le Sahel, opinion publique en faveur de la France en chute libre en ex. AOF.

A suivre.

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